En Avril 2016 un terrible tremblement de terre détruit la ville côtière de Pedernales, laissant des centaines de morts et de familles à la rue. L’année suivante, l’AEFE lance un concours d’art urbain auquel on me demande de participer avec mon collègue d’histoire géo et référent culturel Luigi Brusa. Je trouve une idée plastique simple, des silhouettes noires qui pourront permettre aux élèves de travailler avec leurs ombres ou en se couchant par terre et Luigi trouve cette idée unique de travailler dans la ville de Pedernales encore à moitié détruite. Les classes de primaire de CM1 de Mélanie Zehr et de CM2 de Véronique Quillevéré se joignent au projet avec des déclinaisons personnelles pour chaque classe. La couleur serait apportée par des éléments reliés à ces silhouettes et le tout devra délivrer un message positif. Pour des raisons de sécurité, le transport des élèves n’étant pas envisageable sur le site de Pedernales, nous choisissons le support papier et les enseignants colleront les personnages sur les murs.

Le collage des affiches à Pedernales et finalement ce projet tout entier ont été une expérience totalement unique dans ma vie de professeur d’arts plastiques. Avec un collègue, Dorian, et une aimable professeur et psychologue de Pedernales, Elisa Poveda, nous arpentons les rues de la ville en quête de murs détruits et non détruits, totalement à l’aventure. L’accueil est plus que chaleureux, les enfants se joignent spontanément à notre collage d’affiches improvisé et on nous invite parfois même à venir coller des affiches sur des murs de particuliers. Nous choisissons des lieux symboliques, détruits, car si nous avons bien conscience que nos affiches ne vont pas redresser les ruines de la ville, notre objectif est d’apporter une lueur de vie et d’art dans ces rues détruites.

A notre grand bonheur et à celui des élèves, ce projet remporte, à l’unanimité du jury, le prix international d’art urbain de l’AEFE. Au-delà de la fierté, c’est en fait, encore aujourd’hui, beaucoup d’émotions.